Samedi 7 septembre 2024, le monde a célébré la Journée internationale de l’air pur pour des ciels bleus. A Kinshasa, les chercheurs de l’UNIKIN et de l’UPN sont formels. L’air qui est respiré renferme des métaux lourds (composés extrêmement cancérigènes), des dioxines, dépassant largement les seuils de tolérance guides de l’OMS. L’annonce a été faite à l’occasion de la publication des résultats de l’étude du Think-Tank UNIKIN-UPN sur la qualité de l’air ambiant au voisinage de la décharge sauvage de Binza-Delvaux.
C’était promis, c’est fait. Le samedi 7 septembre 2024, le Think-Tank UNIKIN-UPN a publié les résultats de sa dernière étude sur la qualité de l’air au voisinage de la décharge sauvage de Binza-Delvaux. Pour ce faire, la publication des résultats a été faite dans le cadre de l’atelier organisé au Centre interdiocésain de Kinshasa.
Organisé en collaboration avec la Commission pour les Ressources Naturelles de la CENCO (CERN-CENCO) et l’ONGD Futura Envi 4 Ward-asbl, ce forum a réuni de nombreuses personnalités, notamment des représentants du gouvernement, des professeurs d’université, des étudiants et une bonne brochette de membres de la société civile. Sur le plan de la démarche, les organisateurs ont commencé par faire revivre le drame de la décharge sauvage de Binza-Delvaux avant de présenter les résultats des investigations.
Dans l’enfer de la décharge de Binza-Delvaux…
Il y a quelques années, il s’est créé à Binza-Delvaux (Commune de Ngaliema) un immense ravin dénommé “Mataba”. Au fil du temps, ce ravin a été transformé en décharge publique sauvage, devenant ainsi un sérieux problème de santé publique pour la population de cette partie de la ville de Kinshasa.
En effet, chaque nuit, on assiste à un ballet incessant des camions bennes déversant des tonnes de déchets dans ce cratère. “Chaque nuit plus de 25 gros camions déversent dans le ravin de la concession Kimbanguiste d’à côté, les déchets issus de décharges publiques de tout Kinshasa”, expliquent les habitants du coin.
Avec tous les déchets ménagers, médicaux, industriels et textiles qui y sont déversés, ce site est devenu aujourd’hui un véritable canyon d’immondices. Animaux et êtres humains s’y rencontrent chaque jour comme dans une carrière, fouinant au milieu des détritus.
Un vrai problème pour la qualité de l’air…
Par ailleurs, des individus non identifiés mettent régulièrement le feu sur les déchets de cette décharge sauvage pour réduire le volume et limiter l’intensité des odeurs qui en émanent. Ainsi, la fumée qui s’en dégage pollue constamment l’air atmosphérique des environs. A ce rythme, la nuisance est telle que, la population respire ces mauvaises odeurs 24H/24, s’exposant ainsi à toutes sortes de polluants nocifs.
Il est à noter qu’à côté de cette décharge, se trouvent des écoles (notamment Institut Bobokoli et Congautisme), la Maternité de Binza-Delvaux, une paroisse de l’église kimbanguiste et un marché public. En plus, cette décharge est située en amont d’une vallée habitée et arrosée par la rivière Binza. Ainsi, les lixiviats qui sortent de la décharge vont rejoindre les nappes souterraines. C’est dans ce contexte que le Think-Tank UNIKIN-UPN a entrepris son étude.
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Etude du Think-Tank UNIKIN-UPN sur la qualité de l’air…
Pendant six mois, des équipes du Think-Tank UNIKIN-UPN ont arpenté le quartier Binza-Delvaux, passant au crible la qualité de l’air ambiant. Objectif, évaluer la quantité des matières en suspension qui y circulent. Ils se sont également employés à évaluer la métrologie des eaux résiduaires issues de la décharge ( lixiviats).
Sur le plan opérationnel, les équipes du Think-Tank UNIKIN-UPN ont ciblé l’Institut Bobokoli, la Maternité de Binza-Delvaux et 2 habitations des particuliers volontaires. A cet effet, des capteurs électroniques et physiques des particules ont été placés sur les sites sélectionnés.
Des résultats sans appel…
Après six mois de recherche, le Think-tank UNIKIN-UPN est arrivé aux résultats suivants :
- Les émissions de la décharge provoquent des malaises auprès de 98,4% des répondants. En plus, une majorité de 43,3% ont qualifié d’extrêmement sévère le niveau de perception de cette pollution ;
- L’air qui est respiré à Binza-Delvaux renferme des métaux lourds (composés cancérigènes), des dioxines, dépassant largement les seuils de tolérance guides de l’OMS. Ceci est perceptible notamment au niveau des sites ciblés (Ecole, Maternité et habitations des privés) ;
- Les lixiviats émanant de la décharge sont chargés de métaux lourds. Ainsi, les nappes souterraines exploitées par des forages se trouvent également polluées. Il est à noter que 24% des personnes rencontrées dans le voisinage utilisent une eau d’origine souterraine.
Sauver les vies des générations présentes et futures…
En termes de solution, le Think-Tank UNIKIN-UPN n’y va pas par quatre chemins. Il faut des mesures urgentes sauver les vies des générations présentes et futures. Entre autres mesures, la fermeture pure et simple de la décharge sauvage de Binza-Delvaux et des sanctions contre les responsables de cette situation.
Par ailleurs, le Think-Tank UNIKIN-UPN préconise aussi un dépistage au sein des populations en vue de détecter les problèmes de santé. Il recommande également l’application des textes réglementaires ayant trait à la gestion de l’eau et de l’environnement. Pour couronner le tout, le Think-Tank UNIKIN UPN en appelle à l’organisation d’une campagne de sensibilisation sur la qualité de l’air.
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