Décidément, l’heure de la tourmente a sonné pour les responsables de la pollution plastique. Les procès contre les grandes entreprises pétrolières, plus particulièrement celles accusées de greenwashing, se multiplient dans le monde et aux Etats-Unis. Il s’agit de rendre des comptes pour la responsabilité sur le réchauffement climatique liée essentiellement à la combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz).
Dans ce cadre, le lundi 23 septembre dernier, la Californie a annoncé poursuivre en justice le géant pétrolier ExxonMobil pour son rôle dans la pollution due au plastique, principalement fabriqué à partir d’hydrocarbures. C’est le procès le plus important intenté à ce jour contre l’industrie plastique. La Californie poursuit ExxonMobil pour son rôle dans la pollution plastique de l’Etat et pour ses campagnes “trompeuses” sur le recyclage plastique.
Notons que le géant des hydrocarbures est aussi le plus grand producteur mondial de polymères utilisés pour fabriquer des plastiques à usage unique. Ces matériaux sont produits par ExxonMobil à partir de combustibles fossiles et sont ensuite moulés par d’autres entreprises en plastique à usage unique.
Rob Bonta, le procureur général de cet Etat de l’Ouest des Etats-Unis, cherche ainsi à obtenir “des milliards de dollars” de la major pétrolière pour mettre en place des “solutions” pour faire face à la pollution des eaux et des sols par les plastiques rejetés dans l’environnement mais aussi pour “rééduquer” la population, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
“Les plastiques sont partout, au fond de nos océans, sur les sommets les plus élevés et dans nos corps, causant des dégâts irréparables – connus ou inconnus à ce jour – pour l’environnement et notre santé”, a déclaré le procureur général de l’Etat le plus peuplé des Etats-Unis.
“Depuis des décennies, ExxonMobil trompe le grand public en essayant de nous convaincre que le recyclage du plastique pourrait résoudre à la fois le problème des déchets et de la pollution plastiques alors que l’entreprise sait très bien que c’est impossible”, affirme encore Rob Bonta, accusant le géant pétrolier d’avoir privilégié “les profits aux dépens de la planète et de la santé publique.
L’industrie pétrochimique responsabilisée dans la pollution plastique…
“Seulement 5% des déchets plastique sont recyclés aux Etats-Unis et ce taux n’a jamais dépassé les 9%”, est-il indiqué dans le communiqué du procureur général. Pourtant, ExxonMobil aurait promu le pictogramme identifiant un produit comme recyclable pour faire croire aux consommateurs que leurs déchets plastiques seraient recyclés alors que les technologies pour le faire n’existent pas ou ne sont pas assez rentables pour être mises en place, est-il précisé.
Encore récemment, selon la plainte, le géant pétrolier aurait commencé à employer le terme «recyclage avancé», utilisé pour décrire un procédé chimique consistant à fondre le plastique pour recréer du plastique recyclé. Alors que 92% du plastique ainsi traité finit, selon la plainte, en carburant. Cette procédure judiciaire, ouverte à San Francisco, intervient après deux ans d’enquête sur la responsabilité de l’industrie pétrochimique dans la pollution plastique aux Etats-Unis, premier consommateur mondial de plastique par habitant.
L’industrie du plastique à la base de la pollution plastique
Après deux ans d’enquête, la plainte de 147 pages déposée par le ministère de la justice californien multiplie les preuves à l’encontre d’ExxonMobil. Par exemple, depuis 1970, la compagnie pétrolière, par l’intermédiaire d’une association professionnelle, a adapté et promu le symbole des trois flèches en triangle qui signifie que le produit est recyclable, mais pas forcément qu’il sera recyclé.
“Les consommateurs sont amenés à croire que les articles portant ce symbole peuvent et seront recyclés lorsqu’ils sont placés dans le flux de recyclage. En réalité, seulement 5% environ des déchets plastiques américains sont recyclés, et le taux de recyclage n’a jamais dépassé 9%”, constate le ministère.
ExxonMobil au banc des accusés…
Plus récemment, poursuit la plainte, “ExxonMobil a continué de tromper le public en vantant le recyclage avancé (ou recyclage chimique) comme la solution à la crise des déchets plastiques et de la pollution“. Mais la grande majorité (92%) des déchets plastiques traités grâce à la technologie de recyclage avancé d’ExxonMobil ne deviennent pas du plastique recyclé, mais plutôt principalement des carburants.
Une station ExxonMobil
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“L’industrie du plastique sait depuis des décennies que, contrairement au papier, au verre et au métal, les plastiques ne sont pas conçus pour être recyclés et n’atteignent donc pas un taux de recyclage élevé”, a déclaré Judith Enck, présidente de l’ONG Beyond Plastics. Concernant le recyclage chimique, ce “n’est rien d’autre qu’un autre coup de relations publiques de l’industrie pour distraire le public et dissuader les décideurs politiques et les régulateurs de faire la seule chose qui puisse réellement enrayer la crise de la pollution plastique : adopter des politiques qui exigent la réduction de la production de plastique”, a-t-elle ajouté.
Le recyclage plastique au cœur d’un traité contre la pollution plastique…
Le recyclage plastique est notamment au cœur des négociations autour d’un traité mondial contre la pollution plastique, dont le dernier round se tiendra du 25 novembre au 1er décembre à Busan en Corée du Sud. Habituellement poursuivies pour leur rôle dans le changement climatique – c’est notamment le cas d’ExxonMobil en Californie -, les entreprises pétrolières peuvent aussi désormais être attaquées sur la pollution plastique, véritable fléau mondial avec plus de 400 millions de tonnes produites chaque année, et seulement 9% recyclées.
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La Californie, un Etat progressiste en matière d’environnement…
Il est à noter que cette procédure judiciaire, ouverte à San Francisco, intervient après deux ans d’enquête sur la responsabilité de l’industrie pétrochimique dans la pollution plastique aux Etats-Unis, premier consommateur mondial de plastique par habitant qui génère environ un cinquième des déchets plastique mondiaux.
En agissant ainsi, la Californie cultive son image d’Etat progressiste, surtout en matière d’environnement. Son gouverneur Gavin Newsom a promulgué dimanche une loi qui interdira à partir de 2026 tous les sacs en plastique dans les magasins, déjà obligés de fournir des sacs assez résistants pour être réutilisés.