L’alphabétisation constitue un grand enjeu pour les communautés des peuples autochtones qui comptent une grande proportion d’analphabètes. Dans ce cadre, depuis 2004, l’USAID (via WWF) a commencé à intégrer le volet d’alphabétisation fonctionnelle dans son programme de conservation et de développement du paysage Salonga.
Depuis lors, le PNS investit sur l’alphabétisation au sein des agglomérations des peuples autochtones. C’est le cas de l’expérience menée au sein de la communauté de Bongale3, l’une de plus importantes agglomérations des peuples autochtones du territoire de Monkoto.
Il est à noter que l’expérience de Monkoto réunit plusieurs groupes sociaux, notamment les bantous et les peuples autochtones ainsi que les hommes et les femmes. De plus, c’est un cadre d’implémentation de l’inclusion sociale, de la conservation de la biodiversité et du développement socioéconomique. Ce faisant, le PNS espère provoquer un effet d’entraînement sur tous les aspects du développement communautaire, particulièrement l’autonomisation de la femme, l’accès au droit et à la liberté d’expression.
Thérèse Etimbe, un cas d’autonomisation aboutie…
Membre des peuples autochtones du village Bongale3 dans le secteur de Monkoto, Thérèse Etimbe Basuwa Ekofo, 40 ans d’âge et mère de 8 enfants, mène une vie ordinaire. Seulement, sa vie bascule en 2015, lorsqu’elle s’inscrit au centre d’alphabétisation installé dans son village. Elle se révèle aussitôt comme la lauréate de sa promotion.
A la fin de la formation, Thérèse sait désormais lire, écrire et calculer. Elle est retenue comme éducatrice pour pérenniser le centre d’alphabétisation du village. Tout de suite, elle devient le porte étendard de la promotion des femmes et des peuples autochtones.
Tout de suite, l’admiration et le respect de toute sa communauté…
Depuis qu’elle a appris à lire et écrire, Thérèse Basuwa Ekofo vit une nouvelle saison. La quinquagénaire qui n’a pas connu de scolarité dans sa jeunesse s’est révélée une élève exemplaire, régulière, passionnée, brillante et appliquée. Ceci lui a valu l’admiration et le respect de toute sa communauté.
Après les enseignements, elle avait l’habitude de réunir ses collègues en difficulté pour les aider à répéter et assimiler les leçons », se souvient une de ses condisciples.
A la fin de la session de formation, le jury fit appel à cette mère de 8 enfants pour dispenser des sessions supplémentaires de mise à niveau. Depuis, Thérèse est enseignante et anime le centre d’alphabétisation de son village.
A ce jour, il s’observe une hausse de la demande des services d’alphabétisation dans le corridor de Monkoto avec une forte prévalence des femmes autochtones.
Sans savoir lire, écrire et calculer, nous étions la risée de la société qui nous fixait d’autorité le prix de nos marchandises au marché et nous donnait des billets d’argent dont on ne connaissait pas la valeur, témoigne Antoinette Booto, une des apprenants du centre.
Une référence régulièrement consultée par sa communauté…
En plus de sa nouvelle capacité d’enseignante, Thérèse Basuwa Ekofo s’est aussi initiée à la technique de fabrication de savon artisanal. Cette activité lui assure un revenu complémentaire pour accroitre son autonomisation et répondre aux différents défis de son foyer.
Consciente de son nouveau statut social, Basuwa Ekofo Thérèse avoue modestement être devenue une petite référence régulièrement consultée pour des questions concernant sa communauté. Avec un peu de recul, elle considère l’alphabétisation comme un nouveau départ, une seconde chance pour sa vie.
Elle peut ainsi orienter ses enfants dont le plus âgé, 25 ans, veut accéder à l’Université. En plus, Thérèse est totalement décomplexée. A cet effet, elle s’emploie à valoriser sa communauté qu’elle représente dans différents foras. Elle rêve d’une carrière dans la fonction publique. Mais, entretemps, elle ne boude pas le plaisir et la responsabilité d’être une des rares femmes alphabètes de sa génération dans sa communauté.