Sauf imprévu, la saison des pluies reprend du service dans 36 jours. Si rien n’est fait, la ville de Kinshasa risque de revivre le cauchemar des inondations consécutives aux averses attendues. Quand on pense aux nombreuses victimes et dégâts matériels enregistrés dans le passé, il y a de quoi développer des insomnies. Entre temps, les travaux de curage des rivières et caniveaux ne sont pas au rendez-vous.

Janvier 2024, plusieurs quartiers de la ville de Kinshasa sont inondés à la suite de pluies diluviennes. Le ministère des affaires sociales fait état de près de 300 morts et de dizaines de milliers de maisons détruites. Dans leurs désarroi, certains habitants utilisent des pelles pour se frayer un chemin dans les rues inondées. En plus, les eaux de crue ont emporté des milliers de bouteilles en plastique.

Deux ans plus tôt (décembre 2022), le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) rapportait qu’au moins 169 personnes étaient mortes à cause des pluies diluviennes tombées sur la capitale. Et là, les communes de Mont-Ngafula et de Ngaliema furent particulièrement touchées.

Près de 60% de kinois sont exposés aux inondations…

Une enquête du le PNUD renseigne que 58% des kinois sont exposés aux inondations. Selon les détails de cette enquête, les inondations se manifestent notamment dans les communes de Kalamu (53%), de Mont-Ngafula (41%) et Limete (40%).

Par ailleurs, dans une étude sur les vulnérabilités environnementales à Kinshasa, Jean-Rufin Munkuamo Gonzaleze  fait remarquer qu’à Kinshasa, 70% de catastrophes naturelles sont issues d’inondations. Il précise que les risques sont grands dans la partie basse de la ville : Kalamu, Makala, Ngaba, Limete, et Barumbu.

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Le manque d’éthique environnementale à la base…

A la base de ce problème devenu récurent, il y a plusieurs causes, relèvent les environnementalistes. Il s’agit notamment de :

• L’Absence d’aménagement des cours d’eaux : Les rivières et cours d’eau de Kinshasa ne sont pas curées ;
• L’occupation anarchique des berges des rivières ;
• Les constructions anarchiques sur les caniveaux ;
• La transformation des caniveaux en décharges publiques.

Des projets mort nés de curage des caniveaux et rivières…

Dans le cadre du curage des rivières et ouvrages d’assainissement, des projets ont été annoncé. Seulement, ceux-ci ne survivent que le temps de leur annonce. Dans la foulée, l’Office des voiries et drainage (OVD) a initié un vaste projet lutter contre les inondations dans la ville de Kinshasa. Ce projet devait couvrir districts de Tshangu, Lukunga, Mont-Amba et Funa.

A son tour, le jeudi 28 septembre 2023, le ministre des infrastructures et travaux publics, Alexis Gisaro Muvunyi, lançait  la première phase des travaux de curage des caniveaux et rivières dans la ville de Kinshasa. Ces travaux visaient notamment à prévenir les inondations qui frappent Kinshasa à chaque saison des pluies.

“Les caniveaux sont totalement pleins. Notre population ne comprend pas que les caniveaux ne sont pas des dépotoirs ou des poubelles dans lesquels il faut remplir toutes les immondices”, disait  alors le ministre d’État aux Infrastructures et Travaux Publics déterminé à épargner Kinshasa des inondations.

Etat des rivières à Kinshasa

L’heure est aux solutions concrètes…

Aux grands maux de grands remèdes. Selon l’environnementaliste Jean Mangalibi Mosengo, la mise en place de mesures préventives nécessite la présence de personnes compétentes aux postes décisionnels.

“Il est primordial de nommer des autorités compétentes en matière d’urbanisme et d’habitat, ainsi que des experts en gestion des ressources en eau. Ces spécialistes doivent prendre des mesures strictes pour réguler l’urbanisation, notamment en respectant les normes de construction et en mettant en place des règles de sécurité pour les zones à risque. De plus, une meilleure gestion des déchets est nécessaire, avec des campagnes de sensibilisation et des actions concrètes pour nettoyer les cours d’eau et les canalisations”, recommande Jean Mangalibi Mosengo, coordonnateur de l’ONG Les Amis de la Nature et du Jardin.

En conclusion, les inondations à Kinshasa sont principalement dues à une mauvaise urbanisation et à une gestion inadéquate des ressources en eau. Pour prévenir ces catastrophes, il est essentiel de mettre en place des mesures strictes, en nommant des personnes compétentes aux postes décisionnels et en prenant des actions concrètes pour réguler l’urbanisation et améliorer la gestion des déchets. La sécurité des populations et la préservation de l’environnement doivent être des priorités absolues pour éviter les conséquences désastreuses des inondations à Kinshasa.