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La présidente de la COP16, Susana Muhamad (au centre), lors du dernier jour du sommet à Cali (Colombie), le 2 novembre 2024

COP16 : impossible de se mettre d’accord sur un accord

La COP16 biodiversité a vécu. Pendant deux semaines, 196 pays ont essayé de s’accorder sur la mise en oeuvre de l’accord de Kunming-Montréal. Au contraire, certains dossiers sont restés englués dans les rivalités entre pays riches et pays en développement. Néanmoins, quelques sujets ont avancé. Cet article se penche sur les réussites et les échecs de de la grande messe de Cali.

La rencontre de Cali s’est terminée samedi dernier. Au final, les Etats ont échoué à obtenir un accord sur le financement de la feuille de route fixée en 2022 pour stopper la destruction de la nature d’ici 2030. Les négociations ont été tout simplement suspendues au matin. En effet, la Présidente du sommet a constaté avoir perdu le quorum des délégués. En fait, plusieurs participants étaient partis attraper leur avion après une nuit blanche en plénière.

COP16 : difficultés à mettre en place d’un mécanisme de suivi

Malgré l’échec des négociations cruciales sur le financement, la présidence de la COP16 se félicite d’avoir obtenu quelques décisions prioritaires. C’est notamment le cas du statut renforcé pour les peuples autochtones dans les COP biodiversité. Il en est de même du texte sur la reconnaissance des « afrodescendants » et de la mise en oeuvre d’un fonds multilatéral.

Lire aussi : COP16 : les peuples autochtones arrachent une belle victoire

Après plus de dix heures d’âpres débats nocturnes samedi, les pays venaient enfin d’aborder le sujet le plus explosif de la conférence. En un mot, comment atteindre d’ici 2030 l’objectif de porter à 200 milliards de dollars par an les dépenses mondiales pour sauver la nature ?

La COP16 c’est aussi le partage des bénéfices issus des « données génétiques » de la nature

Samedi, la COP16 a décidé la création d’un « Fonds Cali ». Ce fonds va être alimenté par les entreprises faisant des bénéfices grâce aux données génétiques de plantes ou d’animaux issus des pays en développement. En plus, l’objectif de ce fonds est de partager ces bénéfices avec ces mêmes pays en développement.

Ainsi, ils espèrent en tirer jusqu’à quelques milliards de dollars destinés à financer leurs engagements de protection de la nature. Toutefois, le montant réel qui sera récolté, principalement via des contributions volontaires, reste encore incertain.

Par exemple, le goût synthétique de la vanille aromatique est issu des données génétiques d’une plante uniquement connue d’une tribu indigène mexicaine.

Le « pillage » des richesses des pays en développement par des entreprises des pays riches « est le problème que nous essayons tous de résoudre ici », a déclaré en plénière le représentant du Brésil.

A l’actif de la COP16, il y a aussi la création d’un organe représentant les peuples autochtones

La COP16 a aussi réussi à déboucher sur une meilleure reconnaissance des peuples autochtones dans leur rôle de gardiens de la nature. Les pays ont adopté la création d’un groupe permanent devant assurer la représentation des peuples autochtones et des communautés locales au sein de la Convention des Nations unies sur la biodiversité.

« C’est un moment sans précédent dans l’histoire des accords multilatéraux sur l’environnement », s’est réjouie une représentante des peuples Quechuas du Chili. (…) Les 196 pays membres de la Convention « ont reconnu le besoin constant de notre participation pleine et effective, de nos connaissances et innovations, de notre technologie et de nos pratiques traditionnelles », a-t-elle ajouté.

Le fonds mondial biodiversité porté à 400 millions de dollars…

A mi parcours, huit gouvernements ont annoncé des contributions portant à 400 millions de dollars la dotation du Fonds-cadre mondial pour la biodiversité. Ainsi, la France, l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et le Québec se sont engagés pour un montant équivalant à 150 millions d’euros.

Notons toutefois que les millions annoncés lors de la COP16 ne sont qu’un premier pas vers l’objectif d’atteindre 200 milliards de dollars d’aide annuelle pour la biodiversité d’ici à 2030. Pour y arriver, les pays en développement exigeaient la création d’un nouveau fonds, autonome du GEF et sous gouvernance de l’ONU.

La COP 16 laisse un sentiment d’inachevé

En définitive, une autre décision majeure, sur les océans, permettra de faciliter l’identification des zones à protéger en haute mer. Les sujets n’ayant pas été discutés devraient l’être lors d’une prochaine session de négociations. La clôture formelle des travaux de la COP16 a été reportée à une date ultérieure.

Lire aussi : COP16 : les peuples autochtones réclament des financements

Peut-être, comme le relève Sébastien Treyer, le directeur de l‘IDDRI, faut-il « arrêter de considérer que chacune de ces COP doit être le moment d’un accord global, d’un deal sur tous les sujets ». Quoi qu’il en soit, il reste « énormément de travail à faire ».

COP16
Photo d’illustration – Site qui a accueilli le sommet de la COP16

Cette publication a un commentaire

  1. LIYONDO FOLO

    Je me pose juste la question sur la répartition des fonds dans notre pays. Les peuples autochtones congolais trouvent-ils satisfaction ???

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