La pollution plastique ne se contente plus d’envahir les océans et l’atmosphère. En effet, elle s’invite déjà dans l’organisme humain, y compris dans notre cerveau. En effet, une étude, publiée le 03 février dernier dans la revue Nature Medicine, révèle une accumulation inquiétante de microplastiques dans le cerveau humain. En conséquence, ce phénomène suscite des questions sur ses impacts sur la santé.
Pilotée par l’Université des sciences médicales du Nouveau-Mexique (États-Unis), l’étude sur les microplastiques révèle les résultats d’analyse de 91 échantillons de cerveau. Ces tissus avaient été prélevés sur des corps humains lors d’autopsies entre en 2016 et en 2024.
Des microplastiques détectés en grande quantité dans le cerveau
Jusqu’à présent, la présence de microplastiques dans le corps humain était déjà documentée. Ce fut le cas notamment dans les poumons, le foie et les reins. Mais cette nouvelle recherche menée sur des échantillons cérébraux post-mortem va plus loin. En fait, elle révèle que les concentrations dans le cerveau sont jusqu’à 30 fois supérieures à celles observées dans d’autres organes.
En somme, les chercheurs ont découvert que le cortex préfrontal contenait une quantité alarmante de ces particules. De plus, parmi ces particules, le polyéthylène était majoritaire. En effet, celui-ci est un plastique couramment utilisé dans les emballages alimentaires et les bouteilles d’eau. Notons que le cortex préfrontal est une région clé impliquée dans la prise de décision et le contrôle des comportements chez l’homme.

Comment ces microplastiques atteignent-elles le cerveau ?
Selon les chercheurs, l’entrée des microplastiques dans le cerveau est particulièrement préoccupante. Normalement, la barrière hémato-encéphalique joue un rôle de protection en filtrant les substances nocives. Mais des recherches récentes suggèrent que certaines nanoparticules plastiques, en raison de leur taille infime (moins de 100 nanomètres), pourraient contourner cette barrière et s’accumuler dans le tissu cérébral.
Une autre voie d’exposition est l’absorption par le nerf olfactif, qui connecte le nez directement au cerveau. Une étude publiée dans Environmental Health Perspectives indique que les particules inhalées peuvent migrer rapidement vers le système nerveux central, contournant ainsi les mécanismes de défense habituels.
Les microplastiques dans le cerveau, un lien avec la démence ?
Les analyses ont permis de distinguer 12 polymères différents dans le cerveau. Ainsi, le plus courant était le polyéthylène, largement utilisé dans les emballages, bouteilles et gobelets. A cet effet, des éclats de plastiques, à peine plus gros que des virus, ont été observés. Avec une taille de 200 nanomètres, ces particules sont beaucoup plus petites que ce qu’on imaginait auparavant.
Autre enseignement de l’étude. Les tissus cérébraux des personnes chez qui une démence avait été diagnostiquée présentaient des quantités de plastique parfois 10 fois supérieures à celle des autres personnes. La concentration de plastique a-t-elle causé la maladie ou bien le processus de la maladie est-il à l’origine de la maladie ? Les chercheurs n’ont, à ce stade, pas la réponse à cette question.
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En définitive…
Il est urgent de mieux comprendre que les microplastiques sont particulièrement volatils. De plus, ces particules sont issus de la dégradation de plastiques plus gros et se retrouvent partout : dans l’air, l’eau et la nourriture. Nous les respirons, les buvons, les mangeons et ils s’accumulent dans notre corps ! Les chercheurs estiment qu’il s’agit là d’une pollution invisible qui, année après année, colonise nos organes.